L’humour comme outil d’intervention (Extrait)
L'humour comme outil d'intervention
Extrait de la revue Sémaphore de juin 2021
Dans le champ des relations d’accompagnement, les émotions peuvent être permises, mais c’est rarement la joie qui est mise en avant. Que ce soit la joie pour la personne accompagnée ou la joie pour l’intervenant. Il est vrai que les personnes qui demandent de l’aide, le font souvent parce qu’elles sont dans la douleur et la souffrance. À première vue, il parait donc adapté que la joie ne soit pas la première émotion qui émerge dans tout ce qui peut se vivre à ce moment-là. Aussi, dans cet article, nous vous proposons tout d’abord de voyager dans les territoires émotionnels de tout humain.
Ensuite, nous regardons comment l’humour, qui participe grandement à la joie, émerge quelque fois spontanément dans un accompagnement. Quel intervenant n’a jamais eu un trait d’humour, une pensée humoristique ? Qui n’a jamais ri avec les personnes accompagnées ? Qui ne s’est pas senti puissamment relié à l’autre par un éclat de rire commun ? Qui n’a jamais pensé ou constaté que l’humour était un formidable allié dans le travail ?
Alors, nous nous autorisons à penser « l’humour comme outil d’intervention ». Nous vous invitons même à faire un détour par les apprentissages familiaux qui viennent parler de l’humour que nous pratiquons. Puis, nous nous appuyons sur notre posture systémique pour regarder les définitions de l’humour et en faire un outil d’intervention. Ainsi la relation, le contexte et la communication nous aident à bâtir un véritable outil utile aux intervenants et aux personnes accompagnées. Nous parlons également des processus d’intervention et de l’intensité qui s’y rattachent. Enfin, nous imaginons que l’humour ne devient un outil d’intervention qu’en présence de révélateurs que nous nous faisons une joie de vous présenter. Dans une intervention, si l’humour se présente, accueillons le pour ce qu’il est et si cela fait sens prenons le pari d’en faire un outil !
Auteurs :
Catherine GADBY-MASSART
Intervenante systémique, formatrice et superviseure à FORSYFA (NANTES), thérapeute familiale en libéral
Fabrice EPAUD
Responsable pédagogique, intervenant systémique, formateur et superviseur à FORSYFA (NANTES), thérapeute familial à Côté Famille à Nantes
Il était une fois deux grands chimistes Grégory Desproges et Pierre Bateson, qui recherchaient un produit capable d’aider les gens à régler leurs problèmes.
Un jour, ils firent la découverte d’une nouvelle molécule extrêmement prometteuse : La Joie©. Celle-ci était cachée derrière d’autres molécules dont elle était proche mais qui elles, étaient connues et exploitées par de nombreux autres chercheurs :
La Peur©, La Tristesse©, La Colère©, Le Dégoût© et l’Étonnement©. Tout heureux de cette magnifique découverte, ils commencèrent à tester La Joie© sur les problèmes humains et ils attendirent anxieusement les résultats : rien. Ils essayèrent sur d’autres sortes de problèmes humains et… rien. Ils multiplièrent les essais en changeant les dosages… Rien, rien et encore rien.
C’est alors que Grégory Desproges, à moins que ce soit Pierre Bateson, en tout cas celui des deux qui était spécialisé dans la complexité, a eu une idée géniale : il fallait mettre La Joie© en contact avec un agent révélateur. Ce fut effectivement une révélation.
Ils essayèrent alors de mettre La Joie© en contact avec de multiples agents révélateurs : un intervenant et la fonction de l’humour dans sa famille d’origine, de la méta-communication, des tâches, des métaphores, des hypothèses…. Et à chaque fois, ils observèrent un effet positif sur les problèmes humains. Encouragés par les premiers résultats, ils firent de nouvelles expériences en mettant La Joie© en contact avec des combinaisons d’agents révélateurs, comme par exemple un intervenant + une hypothèse + une métaphore. De nouveau, il y eut à chaque fois un effet positif sur les problèmes humains. La récurrence des bons résultats leur montrait l’extraordinaire pouvoir de leur molécule : La Joie©. Ils se mirent alors à douter des résultats de leurs premières expériences, celles qui montraient que La Joie© seule ne fonctionnait pas. Puisqu’elle fonctionnait à chaque fois avec toutes sortes d’agents révélateurs, elle devait bien fonctionner seule. Ils reprirent leur expérience mais en se servant du savoir accumulé depuis le début. Et là le résultat fut : Rien.
Le professeur Desproges et le professeur Bateson durent se rendre à l’évidence :
La Joie© ne fonctionnait qu’en contact avec au moins un agent révélateur et la rencontre de ces deux premiers éléments faisait émerger un troisième élément qu’ils appelèrent : « L’Humour Comme Outil d’Intervention »